Sécheresse : réévaluer son objectif de rendement et adapter la fertilisation

Pendant une sécheresse, l’absence de pluie peut avoir de nombreuses conséquences sur l’alimentation hydrique des végétaux. Un manque d’alimentation hydrique provoque notamment une perturbation des apports d’azote, qui ne sont plus valorisés par la plante. Des cas de stress peuvent apparaître, entraînant des pertes de rendement, et ce même avec des apports déjà effectués. 

Se pose alors la question d’un apport azoté dans ce cas de figure. 

Les effets de la sécheresse sur les cultures

Selon le stade de croissance des cultures, les conséquences de la sécheresse sur le rendement ne sont pas les mêmes.

Pour le blé par exemple, 

• Si le semis atteint 2 nœuds, les effets indirects sont plus importants. On peut constater notamment une régression de la taille, entraînant une réduction du nombre d’épis. 
• Entre le stade 2 noeuds et le stade feuille étalée, on peut constater une réduction du nombre d’épis et de leur fertilité (nombre de grains par épi)
• Entre le stade feuille étalée et floraison, il y a une réduction du nombre de grains par épi.
• Au-delà de la floraison et jusqu’à la maturité, la sécheresse entraîne une baisse du poids de mille grains. 

A partir du stade de la dernière feuille, les conséquences d’un déficit hydrique lié à la sécheresse sont plus importantes. Au stade précoce, même si les besoins en eau sont importants en période de montaison, les effets peuvent être partiellement résorbés. 

Pour cela, il faut veiller à ce que l’indice de nutrition azoté (INN) soit rétabli au moment de la floraison, et que la surface foliaire ne soit pas trop altérée.

Sur la période épi 1 cm à maturité :

• un déficit hydrique de 100 mm conduit à une perte de rendement de 10-15 %.
• un déficit hydrique de 150 mm conduit à une perte de rendement de 35-40 %.

De quand date votre dernier apport d’engrais ?

Si votre dernier apport d’azote a été réalisé avant la période de sécheresse, et que cet apport a pu être valorisé par un cumul de pluie supérieur à 15 mm avant l’arrêt des précipitations, vous pouvez alors apporter un complément d’engrais. 

Cet apport doit se faire dans le cas où une pluie de 10 mm est prévue pour les prochains jours. 

Si votre apport d’azote a été effectué après les dernières pluies, alors il n’a pas pu être absorbé correctement par vos cultures. Il est inutile d’appliquer un complément car ce n’est pas l’azote qui fait défaut mais sa valorisation. 

Il convient alors de déterminer la présence d’un stress hydrique.

Adapter sa fertilisation azotée en fonction de la pluie

La plupart du temps, il n’est pas nécessaire d’effectuer des apports d’azote dans les sols avant fin mars. En effet, fertiliser au-delà des besoins des végétaux peut être contre-productif, il n’y a donc pas d’urgence à effectuer ses apports si la situation ne s’y prête pas.

Néanmoins, il n’est pas rare aujourd’hui d'observer des périodes de sécheresse pendant le mois de mars. Dans ces cas, on réalise un épandage en prévision des prochaines pluies. Les précipitations favorisent ainsi l’absorption de l’azote par les végétaux, dans un contexte où le sol ne peut presque plus en fournir. 

On détermine l’efficacité d’une fertilisation azotée par la rapidité avec laquelle les cultures sont capables de l’assimiler. Cette rapidité dépend du stade de la culture et de ses conditions de croissance. 

Dans un contexte économique où le coût des engrais augmente et leur disponibilité se fait rare, il est recommandé de fractionner ses apports au plus proche possible des épisodes de pluie. Cela permet de maximiser l’efficacité des engrais tout en réduisant les doses par apport. On reporte ensuite la plus grosse part de fertilisation en fin de montaison.